En Afrique subsaharienne, très peu de villes modernes peuvent prétendre justifier d'un passé aussi riche, romanesque et romantique que celui d'Agadès au sein duquel mémoire, art, culture, littérature, histoire, pouvoir et savoir se bousculent pour servir d'instruments d'analyse de cette ville universelle, légendaire, moderne et classique. Cité médiévale décrite tant par les voyageurs arabes qu'européens, capitale d'une institution authentique, le Sultanat de l'Aïr depuis 600 ans, Agadès a connu des jours de splendide gloire, mais également de sombres moments tragiques tout long de son histoire. Important centre de diffusion de la pensée islamique, carrefour caravanier africain majeur, cité aux 99 saints, jumelle de Tombouctou, Agadès est une philosophie urbaine, un rare cadeau du Sahara et du Sahel. Au début du XXe siècle «Agadès et son royaume» passèrent sous domination coloniale française, au moment même où s'affirmait militairement un mouvement politico-religieux la Sanûsiyya en Afrique saharo-sahélienne. L'ultime confrontation armée de ces deux logiques idéologiques, la dernière guerre du genre sous le régime colonial se produisit à Agadès du 13 décembre 1916 au 3 mars 1917..