Dans les années 40 du siècle passé, Raymond Federman, jeune homme d’origine parisienne, se réfugia de l’Europe pour gagner les espaces du nouveau monde. À la recherche du pays de ses rêves – ou de ses cauchemars? – il découvrit son Eldorado. Presque quarante ans plus tard, et ayant déjà écrit une dizaine de livres, rédigés tant en anglais qu’en français, il se mit à se ressouvenir de ses aventures dans cette Amérique de l’après-guerre. Ce fut – après Double or Nothing – son deuxième roman sur son départ de la France pour gagner l’Amérique. Comme dans Double or Nothing il ressentit des impressions plus denses et plus complexes que celles qu’il pouvait consigner avec une écriture linéaire sur le papier. Ainsi son écriture éclate dans tous les sens. Il ne respecte plus l’ordre linéaire et rectangulaire de la page imprimée et se rattache ainsi à une tradition de la narration ‘typographiée’ qui va du Cinq livre de François Rabelais et du Tristam Shandy de Laurence Sterne à Guillaume Apollinaire (Le poète assassiné), Pierre Albert-Birot (Grabinoulor) et Paul van Ostaijen (Bezette Stad). Amer Eldorado, nommé pour le Prix Médicis en 1974, tombé dans l’oubli après les changements survenus cette même année dans sa maison d’édition, vit maintenant sa résurrection avec la réimpression intégrale et fidèle du texte que nous donnons avec ce livre.