Rarement étudié par les anthropologues, les usages sociaux du corps des classes moyennes et privilégiées de Rio de Janeiro (Brésil) sont ici interprétés à partir des performances balnéaires et musculaires. À Rio, la plage et la ville interagissent en permanence, provoquant la liberté des corps, la légèreté vestimentaire, le jeu de la séduction, de l apparence. Rio est, depuis une trentaine d années, le lieu privilégié d une sorte de narcissisme corporel: la corpolâtrie. Ce souci de séduire trouve dans les académies son lieu de culte. Chacune prodigue les conditions matérielles propices à des activités de musculation, de façonnement de la forme et des formes. On s y adonne à la malhação. À l origine, ce terme renvoie à l exercice du forgeron qui bat le fer, mais pour les cariocas, il s agit de battre le corps à la manière d un métal pour le reformer, le muscler, lui donner bonne apparence. Écrit à la première personne, cet essai d anthropologie musculaire ne cache pas non plus que "toute version de l Autre donne également à voir une autre version de soi" (James Clifford).