« Les communautés qui partagent le même jargon peuvent exploiter de ce fait un répertoire linguistique plus varié que celles qui ne l'ont pas. Si dans la plupart des cas ce répertoire est utilisé par des communautés monolingues, il est rare, mais très intéressant, de voir ce qui arrive quand c'est une communauté plurilingue qui partage un jargon commun. Dans ce cas, en effet, la communauté peut puiser à des sources lexicales et à des règles de formation néologique plurielles, venant de langues ou de dialectes différents. Des espaces géographiques ou socio-culturels semblent favoriser ce type de situation [...] Il arrive souvent que les communautés nomades qui partagent le même jargon finissent par apprendre les langues et les dialectes des communautés sédentaires avec lesquelles elles entrent en contact lors de leurs déplacements. À ce sujet, on peut donner l'exemple des Alpes, où les jargons des métiers sont utilisés par des communautés plurilingues, ou de l'Europe, où il n'est pas rare de trouver des communautés qui partagent le même jargon et qui entrent en contact avec des minorités ethniques, ces dernières disposant d'un répertoire linguistique très large. » (Andrea Scala)