En fin de compte, mon père, où qu'il soit, à l'intérieur du triangle comme ailleurs, est plus souvent qu'autrement en dehors de quelque chose. Et qu'on l'y pousse ou qu'on l'excuse de ne pas y être m'importe peu, je n'ai ni envie de le venger ni envie de le pleurer, seulement de le voir, de l'entendre, le vivre. Canisse, je l'aime malgré tout. Ma mère, je l'aime tout court. Mais à travers leur présence, je vis l'absence de mon père, mon père que j'aime plus que tout. Et mon amour pour lui est proportionnel à cette absence: je l'aime comme un fou, l'oeil braqué sur le coin inférieur gauche de l'isocèle, l'envie de le contacter, de le rencontrer là où il est. Bidou Jean, fasciné par les mots, qu'ils soient neufs, anciens, utiles, agréables, inusités, autant que par les figures de toutes sortes - géométriques, métaphoriques, généalogiques -, tente de se rapprocher de son père-plume . Il se trouve happé par un monde de fiction qu'il engendre au moyen d'un dictionnaire dérobé à l'école, de rencontres avec ses ancêtres, de visites entre un psy et Dieu, de scènes où surgit l'amour filial qui l'habite. Au coeur du langage et de la folie de son père qu'il s'approprie peu à peu, Bidou fait la découverte d'un héritage peu commun, d'une sensibilité propre au conte, à l'Histoire, aux jeux, à la capacité d'inventer et de se réinventer sans cesse. Il y a quelque chose du goût de la dérision, du chant de désespoir et de la langue inimitable de Réjean Ducharme dans Bidou Jean, bidouilleur. - Suzanne Giguère, Le Devoir
Hinweis: Dieser Artikel kann nur an eine deutsche Lieferadresse ausgeliefert werden.
Hinweis: Dieser Artikel kann nur an eine deutsche Lieferadresse ausgeliefert werden.