A la regarder derrière sa fenêtre, on ne lui donnait pas d'âge. Ses mains étaient agiles encore; les aiguilles à tricoter rythmaient une cadence soutenue; elles semblaient abîmées, déformées mais douces aussi et rassurantes. Ses épaules voûtées semblaient renfermer un secret. Ses cheveux blancs, fins, remontés par un chignon donnaient à son visage une expression limpide. Derrière ses petites lunettes un regard clair et droit. Quand Solange arrivait à la sortie de l'école récupérer ses "petits", son regard se tournait toujours vers la fenêtre de la maison près de l'école. La vieille dame était là, souriant. Solange aussi lui souriait, quelquefois même lui envoyant un petit signe de la main, alors, elle lui répondait par un hochement de la tête, tout affairée à son tricot. C'était un moment de rencontre pour Solange comme pour cette petite grand-mère, un moment infiniment doux, serein.