Lorsque j'ai reçu le manuscrit de "Compagnie N°12", j'ai su d'emblée que j'avais entre les mains un texte puissant et bouleversant qui allait marquer les esprits. Francisco Angulo livre ici un récit poignant et dramatique, teinté d'une profonde humanité, sur cette période charnière et déterminante qu'est le service militaire. L'auteur nous plonge au coeur de l'action, dans les arcanes d'une unité d'élite de l'armée espagnole, la tristement célèbre Compagnie N°12, théâtre de sévices et de brimades en tous genres perpétrés sur de jeunes recrues. Dès les premières pages, le talent du romancier se fait sentir à travers une plume alerte et incisive. La narration est haletante, les dialogues ciselés avec justesse. Francisco Angulo excelle dans l'art de camper des personnages forts et attachants, qu'il s'agisse de la galerie de gradés tyranniques et sadiques ou des jeunes soldats qu'ils martyrisent. L'intrigue, savamment dosée, captive le lecteur de la première à la dernière page. L'auteur entremêle avec brio les scènes du quotidien à la caserne et les récits des exactions commises sur les jeunes recrues, sans jamais sombrer dans le pathos ou le misérabilisme. Certaines scènes sont insoutenables de cruauté, à l'image de cet entraînement macabre surnommé "le couloir du guérillero". Mais au-delà de l'effroi, c'est surtout l'humanité qui se dégage de ce roman. La solidarité entre camarades qui se serrent les coudes pour affronter l'adversité. L'amitié entre le narrateur et le chien Douze, son unique confident. Ou encore les échanges pleins de sagesse avec le mystérieux Capitaine, figure paternelle rassurante dans cet enfer kafkaïen. Avec talent et sensibilité, l'auteur dissèque toute la complexité des rapports humains, la lâcheté comme le courage, la bassesse comme la grandeur d'âme. Ce roman puissant est avant tout un vibrant hommage à l'amitié entre les hommes, à cette force indestructible qui leur permet de traverser les pires épreuves. Derrière la noirceur des faits relatés perce toujours l'espoir en des lendemains meilleurs. Mentionnons à ce titre les références au personnage de Maria, cette jeune fille dont le souvenir réconforte le narrateur dans les moments les plus sombres. Sur le plan formel, ce roman impressionne par sa maîtrise stylistique. Le récit à la première personne confère une intensité saisissante à l'intrigue. On est littéralement happé dans la tête du narrateur, on vit ses angoisses et ses tourments. La langue est incisive, directe, dépourvue de tout artifice littéraire. Seule compte l'efficacité du verbe, au service de situations extrêmes. Certains passages hallucinés frôlent le surréalisme, à l'instar de cette plongée cauchemardesque dans les eaux glacées et fétides du "fossé". En somme, avec "Compagnie N°12", Francisco Angulo signe un roman âpre et percutant, qui marquera durablement les consciences. Derrière la noirceur des évènements relatés perce toujours
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