De la technique précaire du sténopé à la photographie instantanée, de 1780 où Jacques Charles fixa fugitivement la première silhouette à l'aide d'une chambre noire sur du papier imbibé de chlorure d'argent à nos jours, la photographie s'accorde à dire qu'elle est indissociable de la notion de temporalité. Elle ouvre des espaces-temps, à plus ou moins grande échelle, de plusieurs mois d'exposition jusqu'au millième de seconde, mais de ce temps de pose n'en ressortira qu'une image fixée dans l'immortalité. Elle est parfois un document, un souvenir, une oeuvre d'art ou une simple image volante. Finalement, ces photographies seront peut-être balayées d'un seul coup de regard, en y trouvant que la représentation quelconque d'un sujet. Mais je suis intimement convaincu qu'il y a en chaque photographie un témoignage, une trace du temps à observer, et qu'il ne faut pas grand chose pour y prêter attention. Il faut juste prendre le temps de faire une pause devant ces images, prendre le temps de les regarder pour s'y projeter.