Parmi les compositions lyriques des troubadours, le lai Markiol et le lai Nompar ont depuis longtemps attiré l'attention des critiques. Ces deux pièces nous sont en effet connues uniquement par des manuscrits français qui nous en donnent des versions en une langue mixte, où les éléments français constituent une composante plus ou moins importante. Cette situation a eu deux conséquences majeures avec la corruption des textes et leur rattachement par la tradition critique au corpus des troubadours dont ils constitueraient les seuls lais connus, en dehors d'une imitation tardive de Bonifaci Calvo. Le texte fait donc ici l'objet d'une nouvelle édition critique améliorant la lettre du texte, tenant compte cette fois des moindres informations fournies par la mélodie, également éditée. Pour l'origine des deux textes, un examen linguistique approfondi des versions a permis d'avancer quelques hypothèses. Ce travail n'a pu se faire sans une comparaison permanente avec la section 'occitane' du 'chansonnier du roi' (Paris, B.N., fr.844) ainsi que d'autres textes en langue mixte, en particulier "Girart de Roussillon" dont le fragment N se révèle le plus proche de ce point de vue: nous nous trouvons ainsi à l'orée d'une aire de production et de diffusion singulière, à la frontière des deux grandes littératures française et occitane.