Quand et comment a-t-on systématiquement mis en place des diplômes et des examens en Suisse? Dans quelles perspectives et avec quels intérêts des groupes socio-professionnels comme les avocats et les artisans ont-ils tenté, dès le 19 e siècle, de créer des "diplômes nationaux"? Jusqu'où ont-ils mené cette entreprise? Si cet ouvrage développe théoriquement ces interrogations et les explore à travers une enquête fondée sur les archives, c'est pour rappeler combien les diplômes et les procédures d'évaluation sont une invention récente qui ne s'est pas imposée sans résistances, ni croyances en un mélange détonant de sélectivité et de légitimité méritocratiques. C'est aussi pour montrer que les diplômes sont une pièce essentielle dans la constitution d'un espace national, d'un Etat-nation, une étape majeure par laquelle s'effectue la nationalisation des pratiques et des identités individuelles. Ces rapports étroits entre "diplômes et nation" expliquent que l'internationalisation contemporaine des certifications vient bouleverser un ordre national des diplômes qui, même dans le contexte helvétique, forme une frontière tenace. Cette socio-histoire politique des certifications donne ainsi des clés pour cerner l'impact des diplômes et de leur standardisation aujourd'hui.