La question du contexte et du lieu d'inscription des oeuvres d'art occupe les historiens de l'art depuis de nombreuses années. Mais les oeuvres monumentales, véritables processus sémiotiques en actes, font intervenir d'autres paramètres nécessitant la prise en compte, dans leur analyse, du mouvement et du déplacement. Les trajectoires, les types de déplacements, la nature et l'échelle de l'instance énonçante, les dimensions des oeuvres et leur rapport au cadre d'inscription conditionnent la manière dont l'énonciation se met " en marche ". L'ensemble de ces facteurs façonne alors une forme énonciative qui caractérise la construction de la signification dans le contexte spécifique des espaces monumentaux. À travers l'étude du Puits de Moïse réalisé par les ateliers de Claus Sluter à Dijon, de la Cène de Léonard de Vinci, à Milan ou encore du Mémorial Juif de Berlin conçu par Peter Eisenman, l'auteur propose de mettre en évidence le rôle des mécanismes abductifs au sein du processus énonciatif que constitue notre rapport aux oeuvres d'art monumentales.