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La nature de la douleur reste une énigme en psychopathologie. Cette étude du clivage traumatique de demandeurs d'asile victimes de torture propose, abordant les limitations de la psychanalyse en situations extrêmes, et se référant à des concepts deleuziens, un modèle d'expansion/contraction des limites du sujet. La douleur est inscription continue par le lieu de l'autre, dans l'évidement initial de l'exil. Le corps semble alors bien plus fiable que la parole pour se nouer à un "ici" et à un "maintenant" qui ne fuit pas. Par la synesthésie, la douleur permet la condensation de singularités mnésiques élémentaires dans des organes refuges; à l'inverse, la douleur-inflammation est chaos d'affects libres, jusqu'à l'extrême angoisse de la mort. L'étrange étrangeté des ambiances revécues, et la douleur, mémoires sensitives du sujet, sont appréhendées dans la thérapie comme voies d'"exscription" du corps. L'énergie douloureuse mobilisable via le "tuning" empathique, outil dont est discuté le registre phénoménologique plutôt qu'analytique, est également porte d'entrée singulière vers ces réalités indicibles et originaires de la psyché.