Peut-on encore, en toute bonne conscience, inciter ses enfants à lire Les Aventures de Tintin, ou faut-il (doit-on) « brûler Tintin » ? Depuis sa naissance en 1929, Tintin est loin de faire l'unanimité. Qualifiée de réactionnaire, raciste, colonialiste, antisémite, misogyne, la plus célèbre bande-dessinée francophone continue aujourd'hui de susciter la controverse. Les critiques à l'égard d'Hergé n'épargnent pas le héros principal, souvent mis à l'index pour son anticommunisme primaire, son indifférence à l'égard de l'environnement, son profil de boy-scout asexué et son esprit de sérieux. Bref, les tintinophobes ne cessent de questionner la pertinence de porter aux nues en cette première moitié du XXIe siècle une ¿uvre jugée surfaite qu'ils considèrent au mieux comme politiquement incorrecte, au pire comme désuète et ennuyeuse. De 5 à 105 ans, lecteurs enfants, jeunes lecteurs, lecteurs adultes peuvent-ils se laisser aller à vénérer sans retenue le reporter à la houppette ? Y a-t-il des raisons avouables de passer outre les faiblesses ou les insuffisances invoquées, souvent avec raison, par les tintinosceptiques ? Et si une bonne part de l'intérêt ¿ voire de l'attachement ¿ porté à l'un des plus grands mythes du 9e art provenait justement de son caractère non consensuel ?
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