La lettre, la plus petite unité typographique, évolue. Sa forme dit toujours quelque chose sur son époque. Après Thibaudeau ou Vox-Atypi, j'échafaude une nouvelle classification en rapport avec la lecture. Certaines lettres sont faites pour s'effacer derrière le texte comme des typographies invisibles. Le caractère est la fenêtre qui donne à lire le monde. Beatrice Warde pose la question: "Voulons-nous voir la fenêtre ou le paysage en arrière plan?" Il existe aussi des lettres qui, comme des trompe-l'oeil, sont un décor. Elles sont opaques. Je pense aux lettrines, aux lettres images qui n'offrent pas de possibilité de projection. Certaines écritures sont des vitraux colorés. Elles ne donnent pas accès au sens dans une continuité apaisée. Elles ne sont pas translucides mais proposent des expériences de lecture. C'est de ces formes dont je souhaite vous parler. Si le signe absorbe le sens que donne-ilà voir? Nous allons parcourir ces écritures et tenter de comprendre pourquoi elles ont existé, pour quelles fonctions, pourquoi sont-elles encore présentes aujourd'hui? Comment peut-on comprendre l'écriture si sa fonction sémantique disparaît?