Si l'on en croit les médias d'Occident, lors de conflits africains - qui du Rwanda à la Côte d'Ivoire en passant par le Congo, surgissent comme des éruptions et restent sans explication - on tue et on meurt à tout hasard, sans raison. Rien n'indique un but, un plan, des projets. Tout est sang, cris, chaos. Plongés dans leurs ténèbres, les Africains se livreraient des guerres incompréhensibles, différentes donc des guerres d'Occident. D'où la nécessité de les sauver de ce fatal atavisme En réalité, la construction médiatique des conflits africains illustre la persistance d'un discours produit dans un contexte ancien : le contexte colonial. S'inspirant notamment de travaux de théoriciens de l'approche postcoloniale, qui postulent que la colonisation de vastes territoires d'Afrique, d'Asie et d'Amérique dès le 16e siècle était également un projet discursif, cette étude démontre que la fin de l'épisode colonial n'a pas marqué celle de ce discours. La deuxième guerre du Congo (1998-2003) ainsi que rapportée par deux publications influentes, The Economist et Le Point, sert d'illustration à cette étude.