L'histoire sociopolitique de l'Afrique noire précoloniale nous enseigne l'existence de grandes formations politiques au sein desquelles ont émergé la plupart des Etats postcoloniaux. Dans le cas du Burkina Faso, le pouvoir traditionnel a été à l'origine de la création de plusieurs formations politiques dont l'exemple des royaumes moose de Tenkodogo et de Wogdogo (Ouagadougou). L'avalanche des publications sur ces royaumes donne l'impression que l'histoire des Moose est bouclée. Or, force est de reconnaître que toute la zone moaaga n'est pas passée à travers le crible de la recherche historique avec les mêmes intentions et les mêmes orientations. On peut illustrer nos propos par l'exemple de l'histoire inachevée et quasi fragmentaire de la chefferie de Lâ située dans la province du Passoré. Pourtant, Lâ a été stratégique pour avoir servi d'abord comme champ des dernières opérations militaires de Naaba Wubri, ensuite pour avoir été la première capitale-résidence des Moog-nanambse, c'est-à-dire des rois du Wubr-t nga (Wogdogo), et enfin pour avoir été à l'origine de la cérémonie du faux-départ commémorée à Ouaga.