Il existe un réel paradoxe entre la position statutaire et le rôle des sous-traitants, tant au niveau du travail quotidien qu'au niveau de la législation du travail. Dans l'industrie nucléaire le travail sous-traité et les accidents qui s'y rapportent sont frappés d'invisibilité. On peut donc se demander qui sont ces travailleurs extérieurs, pour qui le risque est multiplié par des facteurs liés aux notions de productivité, de flexibilité, de précarité, de rationalité et pour qui le travail peut devenir un système de souffrance institué et légitimé par le contexte libéral actuel? Servent-ils à condenser l'étendue des risques industriels sur une seule et unique population externe et secondaire, donc moins valorisée et moins reconnue, pour minimiser la porté de ces risques? Que se cache-t-il derrière les hommes qui exécutent ces activités sous-traitées que l'on évite de donner à un personnel stable? Qui sont ces salariés qui vont et viennent en fonction des aléas de la production pour exécuter des tâches déqualifiantes, non valorisées, porteuses de risques et par conséquent masquées par un système industriel puissant? Qui sont ces travailleurs de l'invisible et de l'éphémère?