Au Sénégal comme partout dans le Sahel, la mise en place de l'ordre colonial au XXe siècle a connecté les systèmes de production endogènes à l'économie capitaliste, et entraîné des mouvements migratoires sans précédent des populations. Parallèlement à ces processus socio-économiques et territoriaux, et dans un contexte de forte activité solaire, les sécheresses se sont paradoxalement accentuées. Comprendre les enjeux socio-économiques et écologiques que soulèvent ces processus nous a conduit à avancer l'hypothèse d'une rupture des systèmes socioéconomiques et écologiques due à la mise en place du système économique capitaliste au XXe siècle. L'analyse des données montre que, sous l'effet du système colonial, les institutions socio-économiques endogènes ont été déstructurées, et le rapport à la nature, jadis gouverné par une attitude révérencieuse, obéit, à partir du XXe siècle, à une logique productiviste capitaliste. En conséquence, les écosystèmes terrestres se sont dégradés, et le climat semble connaître un processus de dérèglement. Il en a résulté une rupture dans les relations entre les systèmes socio-économiques et écologiques au Sénégal.