De Said à Glissant, de Moura à Lazarus, il est formulé que la résistance à l'empire est la propriété exclusive des textes littéraires anglo-saxons et francophones (écrivains issus de la colonisation). Pour eux, ceux-ci sont les seuls textes «canoniques» de la pensée postcoloniale. Dans le même élan, ils postulent que les textes littéraires européens, de l'exotisme romantique à nos jours, sont promoteurs de l'esprit colonial et de la négation de l'autre. Cette posture scientifique n'est plus valable aujourd'hui : si les écrivains occidentaux, comme le disent Said et Moura, ont contribué à l'invention de l'étranger, ce n'est plus le cas aujourd'hui. A partir de la littérature française postmoderne, l'auteur démontre que les textes littéraires européens sont aussi des textes canoniques de la pensée postcoloniale. Aussi s'emploie-t-il à introduire la pensée postcoloniale en France : le texte littéraire français postmoderne, de Gerber à Pividal, d'Orsenna à Le Bris, consacre une écriture déconstructiviste du discours rationnel qui, allant au-delà du discours colonial, se caractérise par le double langage, l'arrogance, la pensée unique, la misère des faits, la rupture avec l'histoire.