"Je pleure cet art perdu à tout jamais". Si Johann Joachim Winckelmann pleure en évoquant les statues grecques, c'est précisément parce que l'art grec est désormais relégué dans un passé perdu. Cet ouvrage s'efforce de présenter l'expérience personnelle de l'historien. Ses larmes sont l'arrière-plan de cette histoire de l'art, mais elles sont aussi le moment d'une tétanie absolue. Il y est évidemment question du pathétique propre au XVIIIe siècle, qui participe de la sociabilité esthétique. Winckelmann décrit en des pages frémissantes la mort de Laocoon, faisant de ce moment tragique un punctum esthétique qui inscrit l'idéal d'une culture dans une conscience endeuillée. Mais il y est aussi question de la douceur immense de l'historien aux instants terribles d'une vie, où nul ne décide en effet de ses larmes. Langage indicible qui nous permet de revenir encore sur les traces de Winckelmann. Les larmes ici sont l'envers de la raison historique, comme le corps la doublure de l'âme.
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