¿ Ah! si la bibliothèque d¿Alexandrie n¿eût pas été brûlée! Peut-être trouverions-nous là le secret de ce passé qui nous échappe. Il est une chose qui m¿a toujours extraordinairement frappé. Nous savons par quelles études nos penseurs, nos moralistes, nos législateurs se sont formés. Mais quels ont été les précurseurs de l¿Égyptien Ménès, de Moïse, de Minos, de Socrate, d¿Aristote et de Platon? Quel a été enfin le précurseur du Christ? Ils n¿en ont pas eu, me direz-vous. À cela je répondrai que ma raison se refuse à croire à la spontanéité de l¿intelligence, à l¿intuition de ces hommes, que l¿on cherche du reste à expliquer, pour quelques-uns, par la révélation divine. Et alors, me dégageant de ce passé nuageux, je n¿accepte plus que la critique libre et raisonnée, et m¿élance dans le chemin qui, suivant moi du moins, doit m¿amener à la vérité. Les nations n¿arrivent à quelque splendeur qüaprès une enfance longue et pénible, à moins qüelles n¿aient, pour abréger leur route, les lumières d¿autres peuples qui les aient précédés. Voyez quels étaient les tâtonnements des sociétés modernes, jusqüau jour où la chute de Constantinople vint révéler l¿antiquité. Les émigrations indoues sont venues rendre le même service à l¿Égypte, à la Perse, à la Judée, à la Grèce et à Rome. Voilà ce que je prétends démontrer. Certes, je ne prétends point faire la lumière aussi complète que je le voudrais. Un homme ne peut suffire à une pareille tâche. J¿apporte une idée que je crois vraie, je l¿étaye des preuves que j¿ai pu rencontrer, tant dans les travaux des savants orientalistes que dans mes faibles recherches d¿autres creuseront la mine, mieux peut-être et plus avant ¿; en attendant, voilà, le premier coup de pioche. Et je dois le dire tout d¿abord, je ne recherche ni le bruit, ni le scandale, et je professe le respect le plus profond pour toutes les croyances que cependant je me crois en droit de ne point partager, dans l¿entière indépendance de ma pensée. Les chercheurs qui ont adopté l¿Égypte pour champ de man¿uvre, qui fouillent et refouillent cette contrée de fond en comble, voudraient bien faire croire, eux aussi, que tout nous est venu de leur pays de prédilection. Il en est même qui vont jusqüà prétendre que l¿Inde a copié, en Égypte, ses castes, sa langue et ses lois, alors que l¿Égypte, au contraire, n¿est tout entière qüune émanation indienne. Ils ont tout entre les mains, les encouragements des gouvernements, l¿appui des sociétés savantes; mais, patience, le jour se fera complètement; si l¿Inde est bien éloignée pour de faibles courages, si son soleil tue, si le sanscrit est trop difficile pour qüil soit possible de faire un peu de charlatanisme, s¿il n¿y a pas un budget pour transporter des blocs de pierre éraillés, en revanche il y a un petit nombre de fidèles pour qui l¿Inde est un culte, qui travaillent sans relâche, non à creuser des fossés et à retourner du sable, mais à comprendre des livres. Avant peu, ils feront une vérité de cette parole: étudier l¿Inde, c¿est remonter aux sources de l¿humanité.
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