A la croisée entre l'anthropologie du développement, l'anthropologie du genre et l'anthropologie médicale, cette étude cherche à comprendre les relations qu'ont les femmes béninoises au cours de leur vie fertile avec la contraception médicalisée, d'usage encore très minoritaire en Afrique. Elle se fonde sur l'observation quotidienne, pendant quatre mois, de la fréquentation et des activités d'une clinique privée à Abomey, spécialisée dans la planification familiale et financée par une ONG internationale. Elle montre enfin comment les processus locaux de réappropriation et de réinterprétation de la contraception médicalisée donnent lieu à des effets pour le moins inattendus: plutôt que de protéger les jeunes filles des grossesses à risques, ils participent à leur exclusion de l'accès à la contraception médicalisée; et plutôt que de favoriser une émancipation de la femme, ils renforcent, dans certains cas, la domination masculine et l'inégalité des rapports de genre.