Construire l'identité nationale à travers l'espace filmique de la hara (quartier populaire) fut l'une des préoccupations majeures du cinéma égyptien à partir des années 1930. La figuration de cet espace filmique fut considérée à la fois comme un élément de cohésion et de différenciation sociale, et comme un support esthétique aux diverses idéologies nationalistes qu'a connues l'Égypte sous la Monarchie, ensuite sous la République. Le cinéma égyptien, vieux aujourd'hui de plusieurs décennies, a fait l'objet de maintes études arabes et étrangères dont un nombre important d'ouvrages historiques de grande envergure. Cependant, l'espace de la hara dans la production cinématographique égyptienne qui se chiffre aujourd'hui à plus de 4500 films de fiction, souffre encore de l'indifférence académique. Le présent livre souhaite pallier à ce manque en portant un regard critique sur une des figures embryonnaires et emblématiques du cinéma égyptien.