Le parcours de la littérature sur l'histoire de la pomme terre depuis la traversée de l'Atlantique vers l'Europe puis vers l'Afrique montre que, la plupart du temps, ce produit a été "un pare-feu", un produit "anticrise", une plante mal aimée dans certains pays mais imposée à la consommation humaine par le concours des circonstances. Son autre nom n'est-il pas "Parmentier"? les Français s'y reconnaissent. Les montagnes du Cameroun n'échappent à cette règle. Introduite pour nourrir les animaux des fermes coloniales installées dans les monts Manengouba et les Bamboutos, ce sont les indigènes employés dans ces fermes qui, les premiers, ont compris que si les porcs mangent et se portent si bien, il est vident que l'homme peut s'y essayer. Depuis, sa consommation a glissé des montagnes vers les villes du Cameroun puis de l'Afrique centrale etc. créant dans les montagnes des emplois ruraux, de nouveaux types de connexions villes-campagnes, recomposant la société. Aujourd'hui, ne la consomme que qui peut se l'offrir.