Après avoir fait le point sur les théories, phonocentriste et autonomiste, nous reposons la valeur énonciative et rythmique de la ponctuation. Celle-ci ne peut se réduire à la panoplie habituelle des signes, même élargie; le blanc apparaît comme ponctuation blanche en relation avec la ponctuation noire, chacune des deux actualisant des syntaxes caractéristiques. Le corpus de poésie contemporaine analysé - et en retour stylistiquement éclairé - les vers et les proses de du Bouchet, Jaccottet, Stéfan - pris comme laboratoire de la langue contemporaine, nous permet même de faire l'hypothèse d'un troisième volet ponctuationnel, phonique, sans marque visible, assimilable à l'accentuation. Ces trois volets du plurisystème actualisent contrastivement des unités de discours spécifiques, dont la phrase pour la ponctuation noire, le vers pour la blanche. Nous essayons d'avancer que la phrase de poésie est non seulement délimitée par la ponctuation noire externe, mais qu'elle est animée par la ponctuation médiane noire et phonique qui architecture, non sans tension ni marque de suture, le dénivelé des différentes énonciations au sein d'une même unité discursive.