L'écriture hébertienne se fait remarquer par une extraordinaire complexité narrative, thématique et symbolique et son discours est imprégné d'une expression poétique singulière, de modernité et de permanente préoccupation pour les mythes, ainsi que d'obsessions personnelles ou d'analyse très minutieuse du for intérieur de l'être, de ses craintes et de ses réverbérations, du mal et du bien qui caractérisent tout être humain. Le fil directeur de notre démarche est lié à l'idée que l'oeuvre hébertienne porte les marques de l'ambivalence, car tout ouvrage semble se balancer entre deux pôles, opposés l'un à l'autre. Et ce balancement finit le plus souvent par la victoire du côté négatif de l'existence (dans l'oeuvre hébertienne, les cas où le triomphe soit de la part du bien sont très rares). C'est pourquoi nous allons aborder la problématique du mal dans la prose d'Anne Hébert et analyser les formes sous lesquelles le mal est présent dans l'univers romanesque hébertien.