Le récit du démoniaque de Gérasa (Mc 5.1-20) constitue le récit d'exorcisme le plus élaboré de tout le Nouveau Testament. La conjugaison de l'analyse de type narratologique avec une étude des dimensions historiques, sociales et religieuses sous-jacentes au texte met en valeur la force reconfiguratrice du récit. Ce récit participe au projet mis en oeuvre par l'auteur implicite à l'échelle de tout l'évangile de Marc. Luca Marulli montre comment, dans cette perspective, on peut apprécier la place et l'enjeu de Mc 5.1-20 dans la trame de l'évangile, notamment en relation avec la figure du jeune homme qui s'enfuit nu (14.51-52) et avec la péricope qui met en scène le jeune homme au tombeau (16.1-8). Lire Mc 5.1-20 avec et après 14.51-52 et 16.1-8 amène à une reconfiguration épistémique du lecteur relative aux thèmes de l'identité de Jésus, de la nature de la suivance et de la relation envisagée entre le disciple et son Maître absent.