Au-delà de la transition idéologique, la réforme agraire représente des conditions de stabilisation politique, sociale et économique pour l'Afrique du Sud post-apartheid. Cependant, seize ans après l'ouverture démocratique, le pays reste caractérisé par un dualisme agricole extrême. Cet ouvrage argumente que le modèle de développement libéral retenu par les autorités sud-africaines, conduisant à une restructuration qui n'est accompagnée que par des mesures au cas par cas, ne permet pas aux populations marginalisées de l'apartheid de développer une agriculture marchande et n'a, par conséquent, que peu contribué à effacer les inégalités foncières et agricoles existantes. Pire, la pérennisation de la structure ségrégée du territoire et la stagnation de la petite agriculture conduisent au renforcement de l'apartheid agricole, caractéristiques emblématiques de l'apartheid. Il apparaît qu'une transformation ne sera possible qu'avec de nouveaux instruments économiques, remettant en cause le modèle de développement sud- africain et nécessitant de repenser le rôle de l'Etat dans la régulation social et économique du pays.