Avec 3 771 décès, l'année 2015 a été l'année la plus meurtrière de l'histoire des migrations dans la Méditerranée1. En comparaison, 3 279 décès ont été enregistrés dans la zone méditerranéenne une année avant. De même, en 2015, l'Organisation internationale pour les migrations a enregistré 1 004 356 arrivées par la mer en Europe, soit cinq fois le nombre de l'année 2014 qui s'élevait à 219 000. La majorité des décès (77 %) ont eu lieu dans la zone de la Méditerranée centrale, l'itinéraire emprunté principalement par les passeurs oeuvrant surtout depuis les côtes libyennes2. Avec 3 771 décès contre 5 350 décès au niveau mondial en 2015, la Méditerranée est la région la plus meurtrière du monde pour les migrations internationales (suivie de l'Asie du Sud-Est). Le canal de Sicile dans lequel a lieu la plupart de ces drames (2 892 décès en 20153) est considéré la partie la plus dangereuse de la zone. En même temps, c'est peut-être aussi la zone la plus sécurisée de toute l'Europe : un paradoxe qui mérite que l'on tente de l'éclaircir.