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Dans son projet de bâtir une sociologie de la connaissance scientifique qui investigue non plus uniquement les aspects institutionnels, mais aussi cognitifs de la science, David Bloor élabore le concept de programme fort. C'est un nouveau paradigme de la sociologie de la connaissance qui repose sur les principes de causalité, d'impartialité, de symétrie et de réflexivité, et qui doit désormais orienter toute étude sociologique sur la science. Le programme fort est une tentative de dépassement du programme modéré, ancien paradigme de la sociologie de la connaissance, qui avait jusqu'ici respecté l'internalité de la science, dont seuls les épistémologues et les scientifiques détenaient le monopole d'investigation. D'où le problème de la possibilité d'étendre la sociologie de la connaissance aux aspects cognitifs de la science. Par une approche génétique et critique, cet ouvrage parvient au résultat selon lequel le programme fort de la sociologie de la connaissance constitue un risque de dénaturation pour la science, au regard de sa remise en question des caractéristiques essentielles de celle-ci, que sont l'autonomie, la rationalité, l'objectivité, la vérité.