Si la catastrophe est spontanément associée à des pertes humaines, à des dommages, elle a également une dynamique propre et une dimension ociopolitique, même si nous avons souvent tendance à l'ignorer. La catastrophe est capable d'ébranler les systèmes existants, les constructions humaines économiques, sociales, politiques en causant des altérations dans les rapports sociaux. L'étude d'une catastrophe peut nous permettre de mieux comprendre la nature de ces systèmes et de ces rapports. Dans ce sens, les tremblements de terre de 1999 en Turquie, à la suite desquels les médias ont annoncé un changement sociopolitique profond dans un futur proche, constituent un objet d'étude intéressant. Si les séismes de 1999 constituent un événement singulier, ils s'inscrivent également dans la longue liste des séismes majeurs survenus depuis 1939, qui ont tous engendré le même jeu discursif qui nous montre que la catastrophe est une construction sociale sur laquelle le contexte politique est déterminant. En deuxième lieu, l'étude des séismes de 1999 ainsi que des 14 séismes majeurs précédents nous permettent de réaliser l'analyse sociopolitique de la Turquie contemporaine.