L'image du rêve américain dans les films de Charlie Chaplin est essentiellement celle d'un rêve dévoyé. Ainsi, l'oeuvre du cinéaste est parfois perçue comme une attaque contre le dogme de « l'exception américaine ». Mais l'oeuvre de Charlie Chaplin, loin d'être révolutionnaire, s'inscrit dans le discours d'une Amérique protestataire, qu'elle soit progressiste ou qu'elle fasse sienne l'héritage d'Emerson ou de Thoreau. Ce n'est pas tant une démystification du rêve américain qu'une relecture de celui-ci qui émerge de l'oeuvre du cinéaste. Au-delà des considérations politiques et sociales, le propos chaplinien se veut une interrogation d'ordre philosophique sur le statut de l'homme moderne, le sens de l'existence et la survie de l'individu dans un monde qui semble abandonné de Dieu. Ainsi, plus que sur le rêve américain, c'est sur un rêve d'Amérique que porte essentiellement l'oeuvre de Charlie Chaplin. Un rêve fou mai salvateur face au constat de l'absurdité du monde.