Les Troubles nord-irlandais ont connu, depuis leur éruption à la fin des années 1960 jusqu'à l'ère suivant l'Accord de paix de 1998, une médiatisation accrue se manifestant principalement par les images dites « documentaires ». L'artiste Willie Doherty remet en question ces représentations dès les années 1980. Par une approche artistique se basant sur le langage du documentaire, réarticulant en permanence la dichotomie entre réalité et fiction se trouvant au sein de ce dernier, il se réapproprie le portrait et le paysage, deux genres à travers lesquels les enjeux de l'apposition de stéréotypes se manifestent dans toute leur ampleur. Révisant les stratégies médiatiques transformant une situation complexe en un récit simple, niant l'hétérogénéité se retrouvant au sein des concepts du paysage et du portrait, l'artiste réarticule ces mêmes notions en introduisant d'autres dimensions, davantage multiples et fragmentaires, à travers son oeuvre. Par le biais de la photographie monochrome recouverte de textes, ensuite par les cibachromes et les diapositives, et enfin par les vidéos accompagnées d'une voix off, Doherty sonde les divers points de vue constituant l'histoire contemporaine.