Depuis 1830, année de la colonisation de l'Algérie, le pays a connu maintes restructurations politiques, toutes violentes et sanglantes. Or, l'histoire de l'Algérie n'est pas seulement l'histoire de la violence et de l'oppression de tout un peuple envers les dirigeants respectifs, mais aussi de la soumission silencieuse de la femme au sein de la société. Ce développement historique a donné naissance à un nouveau genre littéraire : la " littérature d'urgence ", dans laquelle de nombreuses jeunes femmes algériennes écrivent sur les évènements traumatisants qui se sont déroulés dans leur pays natal. Pour ces auteures, socialisées dans un environnement plurilingue, souvent déchirées entre leur langue maternelle, l'arabe, et le français comme langue d'enseignement à l'école, le choix pour une langue d'écriture sera le premier pas vers une renégociation de leur identité comme femmes algériennes. L' uvre de Maïssa Bey est marquée d'un côté par son courage de nommer sans déguisements ce qui s'est passé dans son pays et de l'autre côté par l'insertion d'un niveau de réflexion, sur lequel elle discute ses propres procédés linguistiques au sein de ses textes mêmes.