Lorsqu'on se penche sur le champ historiographique de la littérature et de l'éducation de la fin du XVIIIe début du XIXe siècles, l'oeuvre de Mme de Genlis est significative et révélatrice à beaucoup d'égards. Une nette intention morale et un souci éducatif évident se dégagent de chacun de ses écrits. L'intérêt du présent travail consiste en ce qu'en visant un pan peu commenté de l'oeuvre genlisienne, trois romans sentimentaux écrits dans la première décennie du XIXe siècle, on se propose d'en dégager des jugements concernant l'originalité des idées et des oeuvres de Mme de Genlis par rapport au climat intellectuel dans lequel elles ont fait leur apparition. C'est dans le cadre de ces romans sentimentaux-éducatifs que Mme de Genlis a commencé la déclinaison et le modelage de son spécimen de vertu. La vertu dans la conception genlisienne est un sentiment de perfection qui apporte un grand contentement. Elle se manifeste dans un goût de la simplicité et un besoin de rapprochement de la nature. La vertu est un devoir universel, imposant des préceptes parfois austères et rigoureux qui ont leur source dans la religion.