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" On sait qüen l¿an II la France révolutionnaire essaya, sans y réussir, d¿abolir la religion chrétienne au moyen du culte de la Raison, puis de la remplacer par le culte de l¿Être suprême. Cette tentative étonna, en l¿effrayant, l¿Europe d¿alors ; mais, comme elle a échoué, on la trouva ensuite plus scandaleuse qüintéressante, et il a été de bon goût de présenter le culte de la Raison et le culte de l¿Être suprême comme une des plus sottes aberrations du délire révolutionnaire. Des écrivains sont venus qui ont réagi contre ces jugements trop sommaires: les uns ont cru voir dans l¿hébertisme…mehr

Produktbeschreibung
" On sait qüen l¿an II la France révolutionnaire essaya, sans y réussir, d¿abolir la religion chrétienne au moyen du culte de la Raison, puis de la remplacer par le culte de l¿Être suprême. Cette tentative étonna, en l¿effrayant, l¿Europe d¿alors ; mais, comme elle a échoué, on la trouva ensuite plus scandaleuse qüintéressante, et il a été de bon goût de présenter le culte de la Raison et le culte de l¿Être suprême comme une des plus sottes aberrations du délire révolutionnaire. Des écrivains sont venus qui ont réagi contre ces jugements trop sommaires: les uns ont cru voir dans l¿hébertisme antichrétien l¿heureuse réalisation de la pensée de l¿Encyclopédie ; les autres ont présenté le déisme robes pierriste comme la religion qui convenait alors et qui con- viendrait encore aujourd¿hui à notre race. Le plus vrai (si- non le plus exact) des historiens de la Révolution, Michelet, a pensé que ni la sécheresse du culte de la Raison ni la froideur du culte de l¿Être suprême ne convenaient aux fils du XVIIIe siècle, et, dans cette tête pleine de Diderot, dans ce c¿ur amoureux de la France, s¿est formée l¿idée d¿une religion de la patrie et de l¿humanité, religion dont l¿esprit, s¿il avait prévalu dans la politique des gouvernants, comme il vivait secrètement, selon Michelet, dans l¿instinct populaire, eût fécondé la révolution, eût orienté l¿âme française dans un sens conforme à son génie et eût peut-être rayonné sur le monde. L¿investigation pénétrante d¿Edgar Quinet est arrivée à de tout autres résultats. Ce penseur ne s¿est point scandalisé de l¿impiété de nos pères, et cependant, il n¿a pas rêvé le triomphe de la libre pensée. Tout en accusant les révolutionnaires de timidité française, tout en se moquant des hésitations de ces Polyeucte prudents, qui insultaient le dogme et en avaient trop peur pour le détruite ou le changer vrai- ment, Edgar Quinet leur reproche de n¿avoir pas demandé au christianisme même la religion des temps nouveaux. Et quelle est la conclusion implicite de tant de railleries éloquentes sur la servitude intellectuelle d¿un Hébert ou d¿un Robespierre ? C¿est qüil eût fallu se borner à convertir la France de la révolution au protestantisme."
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Autorenporträt
Titulaire de la première chaire d'histoire de la Révolution française à la Sorbonne, à partir de 1885 et jusqu'en 1922, c¿est l¿un des premiers historiens de la Révolution à s'appuyer sur de véritables recherches archivistiques, avec un corpus scientifiquement confirmé. Il est par ailleurs un radical-socialiste et un franc-maçon militant, et cofonde la Ligue des droits de l'homme. Son approche historique proche du mouvement positiviste lui attire les foudres de son ancien étudiant, Albert Mathiez, en 1908, lors de son compte rendu sur Hippolyte Taine, historien de la Révolution française. Éditeur de nombreuses archives de la période révolutionnaire, ses vingt-sept volumes du Recueil des Actes du Comité de salut public (1889-1933), ses six volumes de La société des Jacobins, recueil de documents pour l'histoire du Club des jacobins de Paris (1889-1897) et ses quatre volumes du Paris sous le Consulat, recueil de documents pour l'histoire de l'esprit public à Paris (1903-1913) sont une mine d'informations pour toute personne désireuse d'appréhender cette période historique.