Cette étude vise à montrer comment le transfert et la propagation des représentations par l'intermédiaire de la traduction, comme système et comme pratique sociale, instaurent des modèles mentaux qui permettent d'expliquer ou d'assigner des significations spécifiques à des événements récents. Considérée comme un champ des prises de position et de circulation conflictuelle des idées, la traduction permet de configurer un état du discours social et de montrer comment une société en mutation et subissant une crise du sens s'objective dans des textes et des pratiques collectives. Le cas envisagé est celui d'un espace postcommuniste, en l'occurrence celui de la Roumanie depuis 1989. À partir d'un corpus de textes, originaux et traduits, appartenant à la littérature, aux sciences humaines et sociales et regroupant aussi des articles de presse, l'étude montre comment la traduction participe à l'éveil de la conscience publique. Au- delà de cette incidence sociale immédiate, elle permet d'éclairer d'autres types de transferts intra- ou interculturels parce qu'elle propose d'autres modèles, d'autres représentations dans le nouvel espace social.