Cet ouvrage est une contribution décisive à l'histoire du mouvement nationaliste kurde et des Kurdes de Syrie dans les années 1920-1940. L'auteur analyse la formation du " Kurdistan de Syrie " et montre combien les contradictions de la politique mandataire de la France permettent aux dirigeants kurdes originaires de Turquie de s'imposer comme des notables communautaires et architectes d'un micro espace politique. Ainsi, au croisement d'une tradition ottomane et d'un modèle nord-africain " transplanté " en territoire syrien, le Mandat français déclenche des dynamiques partiellement voulues, mais pas nécessairement maîtrisées. L'analyse est fondée sur des archives diplomatiques, militaires et privées, ainsi que sur des revues, mémoires et autres écrits de la période. L'auteur apporte une grande variété d'informations originales, en particulier sur le mouvement culturel et intellectuel articulé autour du Khoyboun et sur ses relations tant avec les premiers kurdologues français qu'avec les élites kurdes d'Irak et d'Iran et avec le Tachnak arménien. L'ouvrage nourrit également des analyses fines, complexes, et parfois paradoxales, sur l'articulation problématique entre les identités tribales, locales, régionales et nationales, et la naissance d'une conscience minoritaire kurde face à la consolidation du nationalisme arabe dans la Syrie mandataire.