Les voyages des musiciens, mais aussi du public, furent parmi les vecteurs les plus actifs des transferts de culture qui ont favorisé l'internationalisation de la culture et des pratiques musicales en Europe au cours des Temps modernes. Loin d'épuiser la question du musicien et de ses voyages, cet ouvrage entend suggérer quelques directions de recherches. II évoque les raisons qui ont conduit les musiciens à entre-prendre leurs voyages - formation, recherche d'un emploi, nécessité de gagner sa vie ou d'étendre son commerce... -, et met en évidence les conditions matérielles de ces voyages, mais aussi les attentes des musiciens. Parmi ces demiers, le virtuose semble avoir incarné de manière exemplaire le type même du "musicien-voyageur". Au voyage du virtuose - musicien solitaire, même s'il ne voyage jamais seul -s'oppose l'expérience des entreprises collectives : le lecteur trouvera ici un apercu de la condition particulière des activités itinérantes des ensembles musicaux, en particulier des orchestres, leurs itinéraires et leurs stratégies culturelles et commerciales. Sachant qu'un voyage se prépare et s'organise, cet ouvrage apporte également quelques éclairages sur les relations et les réseaux mobilisés par les voyageurs. II tente enfin de cerner les logiques, les attentes, les répresentations, enfin l'imaginaire qui animent non seulement le musicien ou le compositeur, mais également le public, transformant parfois, au XIXe siècle, le voyage en pèlerinage.Issu de deux rencontres organisées dans le cadre des travaux du programme "Musical Life in Europe 1600-1900" sous l'égide de la Fondation Européenne de la Science, cet ouvrage est le fruit d'une réflexion collective visant à appréhender les pratiques musicales en termes d'histoire culturelle, et à les restituer dans la perspective des échanges et des transferts de culture à l'échelle européenne.