Le pinceau-narrateur est l'histoire du tableau parlant. C'est le tableau racontant. Le pinceau-narrateur est donc la métaphore du silence loquace d'où la volupté volubile étreint les sens aiguisés du critique et/ou de l'amateur d'Art. La glace du tableau et son mutisme contredisent les sens actifs de l'amateur qui oppose son calme intérieur à l'impétuosité expressive de l'image dans l'intériorité calme du consommateur. La contemplation du tableau devient une valse des sens où le chiasme des directions et des orientations dessinent les frises de la fascination. Sous le pinceau de l'artiste, les couleurs, le dessin, la touche, les valeurs, les détails, l'ombre, la lumière, entre l'ébauche et le fini, dressent la robe élégante du tableau qui se prolonge dans les synapses et les sensations de l'admirateur de la toile. Une histoire s'écrit, s'entend, s'écoute, s'écoule, se sent, se perçoit dans la propagation des flux et les émanations du tableau. Toute la poésie du pinceau déploie son envergure dans la verve des narrateurs que cachent et l'artiste et le consommateur. L'artiste narre une histoire à un support. Le travail devenu oeuvre s'autonomise et s'exprime par le silence.