La littérature coloniale en France se présente comme une littérature historiquement datée, idéologiquement orientée et techniquement marquée, qu'on n'a pas trouvée auparavant et qu'on ne trouvera plus ensuite. La préoccupation essentielle de cet ouvrage est de montrer, à partir d'une analyse des romans représentatifs, que la fiction coloniale en France a mis en place un mécanisme de construction complexe visant à stéréotyper une image dégradante du Noir et, ce parfois, en déphasage avec l'évolution des mentalités et de l'idéologie. Il convient peut-être de s'arrêter sur la portée de ces images savamment construites par les romanciers colonialistes et, de fait, cristallisées dans les consciences des peuples. Car le rapport du Français à l'Autre demeure conditionné par le surgissement inconscient de cette image mythique. De même, il est difficile pour le Noir de se libérer de son aliénation. Le dialogue des races noire et blanche subit durement le poids des préjugés diffusés par l'idéologie dominatrice de l'Occident impérialiste.