La place du pauvre est un enjeu important dans la structuration de nos sociétés. Tantôt sublimée, tantôt rejetée, la figure du pauvre fait l'objet d'une mise au travail dans les discours dominants. En considérant le discours des acteurs qui impactent le milieu rural sénégalais, on constate que ces derniers sont dans une quête de légitimité et ne font qu'accompagner le retrait de l'Etat (santé, éducation, formation, etc.). En effet, ils expriment trois genres de discours (délibératif, scientifique et épidictique), en rapport avec les procédures d'application des programmes et des projets en cours dans leurs localités. Les effets de parallélisme et de convergence laissent voir que chaque acteur instrumentalise la profusion de discours sur la pauvreté, afin de mieux asseoir sa propre position. On considère dès lors qu'il n'y a pas de pauvreté, en revanche, il y a bien une relation de pauvreté qui structure le champ de production de discours. La dissymétrie des rapports de pouvoir se traduit par une déterritorialisation de l'objet de la politique et par une perte de liberté des citoyens.