L'histoire de l'art reflète la situation mondiale des rapports de force entre cultures et civilisations. La broderie et le tissage de Bilad-Al-Cham sont des activités artistiques incarnant un génie populaire transmis généralement entre femmes. Par le biais de points de vue croisés entre arts populaires Bilad-Al-Cham et les prises de conscience féministes en art, nait un vaste répertoire servant l'émergence de liens entre féminisme et postcolonialisme. L'histoire féministe de l'art, ainsi que les réflexions autour des productions artistiques non occidentales, avec le renouveau de l'histoire sociale de l'art à travers les Visual Culture Studies, nous obligent à nous interroger sur le fossé qui a séparé ces deux grandes catégories et à mieux conceptualiser l'inversion fonctionnelle entre artisanat et Beaux-Arts. La complexité du débat tourne autour des problématiques spécifiques aux arts locaux antéislamiques et l'hégémonie culturelle qui domine les sociétés non occidentales. La particularité de l'art populaire de Bilad-Al-Cham réside dans le fait d'endosser différents statuts concomitants : objets faits main, utilitaires et sollicitant une perception esthétique et éco-durable.