La révolution du 14 Janvier 2011, prototype d'une révolte politique, économique et sociale, a été provoquée par l'accumulation d'injustices multiples dont l'injustice fiscale, qui semble être la plus déterminante dans le déclenchement du processus ayant mis fin au règne de la dictature. Bien que la révolution tunisienne ne constitue pas une révolte purement fiscale, l'échec de la fonction redistributive de l'impôt et l'aggravation du déséquilibre régional paraissent pouvoir l'expliquer du moins partiellement. Cette révolution est née du ressentiment des citoyens à l'égard d'une politique autoritaire menée depuis un quart de siècle, une politique marquée par la répression policière, le manque des libertés, la corruption et le chômage. En Tunisie, l'impôt n'a pas joué un rôle suffisamment correcteur de régulation sociale. Certes, l'émergence d'une classe moyenne et la politique sociale sont le produit des transferts opérés par l'instrument fiscal. Cependant, la période pré révolutionnaire a été marquée par des imperfections de plus en plus notoires de la politique fiscale. On a assisté à un tassement des recettes potentielles résultant de l'ampleur de la fraude fiscale.