Devant les exigences du maître de l'Enfer, le baron de Luizzi prend peur et se décide à jouer son va-tout. D'une existence dont il craint le terme proche, il fait une effroyable course, poursuivant sans trève un bonheur qui se refuse à lui. Le Diable mène le jeu avec un cynisme froid et calculé, guettant les moindres faiblesses, toujours prêt à tromper celui qui lui fait confiance pour le précipiter dans les flammes éternelles... Frédéric Soulié (1800-1847) a été aussi célèbre, dans les années 1840, que Balzac, Dumas et Eugène Sue. Mais, contrairement à certains auteurs contemporains qui, après un purgatoire plus ou moins long, ont été réédités et étudiés comme ils le méritent, Soulié, curieusement, est resté au bord de la route. Il a refait surface dans les années 1860, grâce à l¿intérêt renouvelé pour le roman feuilleton et la littérature populaire. Romancier réaliste avant la lettre, Soulié s¿attache à faire ¿ bien avant Zola ¿ un tableau des « laideurs de la société ». Aussi dans ses romans, les crimes en tout genre occupent-ils une place importante : meurtre, viol, inceste, adultère, enfants abandonnés, fausses paternités. Faut-il s¿étonner que Les Mémoires du Diable offrent une palette fort complète de tous les méfaits possibles et imaginables ? Roman noir et mélodrame à la fois, ce livre a impressionné Balzac à tel point qüil s¿attache à y répondre par Splendeurs et misères des courtisanes. Alex Lascar, connu pour ses travaux sur Balzac et le XIXe siècle, donne de ce texte haletant et drôle, une édition présentée et annotée avec finesse et compétence. Alex Lascar, agrégé de lettres classiques, est docteur d'État. Il a soutenu une thèse en 1999 sur « Les problèmes du mariage dans le roman français (1830-1848). Les contemporains de Balzac, Stendhal et George Sand. »
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