Il est un fait désormais bien établi que les langues changent dans le temps comme dans l'espace. Si les causes de ce changement sont essentiellement sociales, il apparaît qu'on n'a pas assez souligné le rôle fondamental joué par les locuteurs ; le locuteur, sinon l'énonciateur, est cette source d'énergie qui alimente ad infinitum les changements dans les langues. Il va sans dire qu'on ne peut construire une théorie opératoire du changement linguistique qu'autour des usagers de la langue, car c'est l'usage qui altère les formes linguistiques et en fait émerger de nouvelles autres. L'émergence et la sénescence des formes grammaticales et lexicales constituent les principes cycliques et récursifs qui sont au coeur de la régénération des systèmes linguistiques. Mais ces principes sont déterminés par l'histoire, l'organisation et le fonctionnement des sociétés humaines. L'histoire de la langue anglaise est une preuve manifeste que langue et société sont inextricablement liées même si d'un point de vue structurel, elles restent autonomes. Ce livre s'adresse avant tout aux linguistes théoriciens mais surtout aux linguistes anglicistes.