Devenue depuis le dix-huitième siècle un point de repère des aperçus de l'histoire dramatique et littéraire, la comédie de Molière est restée une référence constante pour les historiens et les praticiens du théâtre à venir. Et, bien qu'elle ait prêté son poids à l'identification de l'esthétique dite classique, on convient aujourd'hui, surtout après les mises au point successives touchant au phénomène baroque, que cette classification en obscurcit le sens plus qu'elle ne l'éclaircit. S'agit-il d'abandonner cet acquis que le Romantisme avait déjà frappé de mépris ? Ou bien faut-il le préserver, tout en remettant en question son sens premier et son évidence de poncif ? En essayant de répondre à ces questions, ce livre poursuit la réception de la comédie de Molière par les contemporains et par les générations à venir, autant que les changements de perception qui l'accompagnent jusqu'à nous. Le but en est de révéler, à partir des discontinuités de l'histoire, le sens d'un classicisme en dehors de toute doctrine préétablie, greffant ce qui est nouveau sur un désir ancien. Apposée sur la poésie comique de Molière, cette appellation unique dissimule des origines multiples, tout en permettant l'appréciation d'oeuvres différentes d'elle.