Parant au danger de voir le développement de l'art picassien comme un pur jeu de formes s'engendrant les unes les autres par une sorte de parthénogenèse historique et d'entreprendre une interprétation exclusivement spatiale donc extérieure à l'homme, notre souci majeur était de révéler le signe du temps dans l'oeuvre, à partir de l'analyse directe des oeuvres dans une optique essentiellement esthéticienne. Ce n'est donc pas un formalisme, une sorte de puro-visibilisme, mais une prise de conscience de l'idiosyncrasie du peintre en corrélation avec celle de ses confrères dans une histoire de l'art qui prend en considération aussi bien les oeuvres que les hommes. Ainsi, l'oeuvre devient un faire, et en tant que tel, elle a une histoire qui se retrouve dans sa genèse, révélatrice de la vie de l'esprit de son créateur. Ce n'est donc pas dans les théories préalablement développées, ni dans les spéculations d'ordre général qu'il faudrait trouver la solution du problème Picasso, mais à notre sens, c'est dans le concret de l'oeuvre. Partir de l'oeuvre, c'est décrire, expliquer, déchiffrer et interpréter, car, c'est cela chercher la vérité.