On s''est limité pendant longtemps, en écrivant l''histoire de l''Afrique, à des sources extérieures à l''Afrique elle-même. En fait, on refusait de voir en l''Africain le créateur de cultures originales qui se sont épanouies et perpétuées, à travers les siècles. Pour cette raison, nous avons tenté de pénétrer dans le réseau des représentations collectives, dans le corpus de la tradition africaine. Ainsi, nous avons cerné les modes de pensée de la société orale avant d''en interpréter les traditions. Car toute tradition est, par définition, une uvre et doit être examinée sous cet angle. En conséquence, il nous a fallu nécessaire d''étudier le milieu social qui l''a créée et transmise, et la vision du monde qui sous-tend le contenu de toute expression d''une civilisation donnée. Notre souci constant a été de mettre en lumière les caractéristiques majeures des pratiques rituelles ainsi que des représentations sociales des sociétés traditionnelles d''Afrique noire. Nous avons tenté de mettre à l''épreuve les possibilités réelles et affinées d''une approche scientifique des sociétés africaines par des chercheurs originaires de ces sociétés.