Cette étude se propose de donner quelques clés essentielles pour une compréhension de la fracture identitaire qui parcourt la société ukrainienne et que la Révolution orange a révélée au monde occidental. Elle retrace l'évolution de l'idée nationale, de son éclosion au début du XIX e siècle jusqu'à la proclamation de l'indépendance en 1991, en passant par les luttes, non abouties, des mouvements de libération sociale et nationale des années 1920. La Seconde Guerre mondiale y occupe une place déterminante, telle une matrice de deux narrations concurrentes qui commanderait les logiques interprétatives de l'ensemble du récit national. Faut-il parler d'" occupation soviétique " ou de " libération " ? L'Holodomor, terme forgé sur le modèle de l'Holocauste pour désigner la Grande Famine de 1932-1933, est-il " un génocide " perpétré par le régime stalinien contre le peuple ukrainien, ou " une tragédie collective ", commune aux peuples asservis par Moscou ? Même le très consensuel TarassChevtchenko, poète romantique du XIX e siècle, n'échappe pas au conflit d'interprétations.
L'auteure, ethnologue d'origine ukrainienne immigrée au Québec, utilise une approche qualifiée de " proximité distanciée " pour analyser les sensibilités contrastées développées à l'Est et à l'Ouest, dans le contexte de deux expériences majeures du XX e siècle qui les ont profondément marquées, le communisme et le nationalisme.
L'auteure, ethnologue d'origine ukrainienne immigrée au Québec, utilise une approche qualifiée de " proximité distanciée " pour analyser les sensibilités contrastées développées à l'Est et à l'Ouest, dans le contexte de deux expériences majeures du XX e siècle qui les ont profondément marquées, le communisme et le nationalisme.